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La Princesa Mora

Il existe de nombreuses légendes médiévales dans lesquelles interviennent des musulmans, les maures qui dominaient le sud de la péninsule. Curieusement ils étaient ennemis mais on reconnaissait qu’ils étaient sages et justes. Leur plus grand défaut était de ne pas croire au Dieu véritable.

Fruit des traités instables entre chrétiens et musulmans, une belle jeune fille maure, Aixa Galiana fille d’Al-Menón de Tolède et nièce du roi Al-Mamún est conduite à Avila. Encore enfant, elle a quatorze ans, elle arriva triste et abattue car elle souffrait du mal d’amour : elle avait laissé derrière elle, à Tolède, son bien-aimé. Ni les fêtes célébrées en son honneur ni la tutelle de Doña Urraque, fille du roi Alphonse VII lui rendaient le sourire.

Sa beauté était telle que de nombreux chevaliers s’intéressèrent à elle mais le plus épris fut le vaillant Nalvillos Blázquez qui parvint à convenir d’un mariage avec elle par l’intermédiaire de sa tutrice Doña Urraque. Mais il s’avéra que les parents du jeune homme étaient convenus de son mariage avec une autre fille de la noblesse d’Avila, Arias Gaindo. Et que le roi, en reconnaissance de sa collaboration, avait fait de même avec la maure, dans ce cas, son fiancé serait un chef arabe nommé Jezmín Yahia.

Nalvillos, obstiné comme lui seul, s’entêta tant qu’il parvint à se marier avec Aixa (convertie au christianisme) mais il s’attira la haine de Jezmín et la déception d’Arias, éperdument amoureuse de lui et qui dut se contenter d’épouser son frère Blasco.

Ignorant qui il est, Nalvillos se lie d’amitié avec Jezmín lors d’un voyage à Talavera. Et il le traite si bien, que le chrétien le remercie en l’invitant aux fiançailles de son frère Blasco, et lui offre le gîte dans son manoir.

Une fois tous deux à Avila et pendant les célébrations à l’occasion du mariage entre Arias et Blasco, des tournois et des joutes ont lieu et l’hôte d’Avila défie son nouvel ami de se battre à l’épée. Il le vainc avec une certaine facilité et le musulman se sent humilié, non pas tant pour l’humiliation publique que parce qu’il voit parmi les assistants sa bien-aimée Aixa et il se rend compte que celle-ci l’observe désespérée, harcelée. Et que l’amour qu’avait laissé la jeune fille maure quand elle fut emmenée à Avila n’était autre que Jezmín.

La tristesse qui accompagne Aixa et dont il ne connaît pas la raison fait de plus en plus mal à Nalvillos qui, pensant qu’elle souffre dans la ville fortifiée, lui construit une propriété avec tout le luxe dans les alentours de Palazuelos, à quelques lieues au nord en suivant le cours de la rivière Adaja.

Mais elle continua à être affligée de ses maux sentimentaux, uniquement consolée par les visites secrètes de Jezmín qui profitait des absences fréquentes de l’époux qui commandait  des incursions militaires, pour voir sa bien-aimée la nuit venue. Cela se termina de la seule façon possible : les amants s’enfuirent pour retourner à Talavera.

Le guerrier revient de ses combats et trouve la propriété vide et étant au courant de l’outrage, il décide de partir en quête des amants. Il se fait accompagner de ses loyaux chevaliers. Cependant, il n’attaque pas la ville tolédane mais il les fait camper dans les environs, et pénètre seul dans la ville  déguisé avec des vêtements arabes. Non sans avoir donné auparavant l’ordre d’attaquer s’il ne revient pas dans les deux jours.

Le chevalier outragé se dirigea vers le palais de Jezmín et parvint à atteindre le jardin de cette résidence où sa bien-aimée Aixa était seule. Cachant son visage avec le rabat de sa cape, il lui adressa des phrases flatteuses, celle-ci, charmée, le laissa finalement accéder à sa chambre à coucher. Là, Nalvillos se découvrit et elle appela rapidement la garde qui le captura. L’offensé ne nourrissait plus de sentiments pour son épouse quand il se rendit compte que sa conduite adultère n’était pas uniquement le fruit d’un enlèvement.

Jezmín décida d’exécuter Nalvillos sur une place publique en le brûlant sur un bûcher. Comme  dernier souhait, le chrétien demanda à ce que l’on fasse sonner une corne de guerre. L’arabe accepte, sans savoir que c’était le signal que les loyaux chevaliers de l’accusé attendaient pour attaquer la ville.

Le massacre fut sanglant et le noble d’Avila vengea son affront particulier en brûlant les amants à l’endroit préparé pour sa propre exécution. Il passa le reste de sa vie à faire la guerre inlassablement car il n’avait pas d’autre objectif dans sa vie que de lutter. À sa mort, il fut enterré dans l’Église de Santiago, entre les pleurs des habitants d’Avila qui reconnaissaient son caractère héroïque bien que tout le monde savait pourquoi il n’avait jamais été heureux de son vivant.

Nalvillos a existé comme personnage historique, la prise de Talavera de la Reina fut un fait historique décisif pour l’avancée chrétienne vers le sud (1083, Alphonse VI) et la propriété de Palazuelos est un beau pâturage situé entre les chênaies au nord de la ville. Comme d’habitude dans les légendes, il y a des bribes de réalité et d’autres fioritures que chacun doit croire ou non en fonction de ses envies. Mais, quand vous passez par la Plaza de Nalvillos d’Avila, souvenez-vous du chevalier tourmenté et pensez qu’il n’a jamais atteint le bonheur du cœur qui fut sa quête de son vivant et non celle d’être célèbre pour empoigner les armes.

Palais de los Deanes sur la Plaza Nalvillos

Palais de los Deanes sur la Plaza Nalvillos